André Laurenti nous a quitté ce 14 juillet 2024. Cet authentique maralpin avait plusieurs passions dont sa région, la volcanologie et la sismologie. Au fil du temps, il est devenu un spécialiste de la sismicité historique reconnu à Géoazur.
Il participait aussi régulièrement à des colloques et animait des conférences grand public sur cette thématique. Le premier contact d’André Laurenti avec le laboratoire Géoazur remonte à 1995. Aujourd'hui l'héritage scientifique qu'il laisse est conséquent.
En 1995, il était à la recherche d’un financement pour faire tirer sur papier les extraordinaires plaques photographiques (30x30 cm) prises juste après le séisme du 23 février 1887 qu’il avait réussi à dénicher. A partir de cette période les contacts entre André Laurenti et plusieurs membres du laboratoire devinrent réguliers. En effet, André, qui était dessinateur à la mairie de Cagnes sur Mer, était également passionné par l’histoire de sa région et en particulier par les séismes historiques et leurs conséquences sur l’évolution des villages de l’arrière-pays et la vie des populations. Les sujets de conversation étaient nombreux, il découvrait les activités des sismologues et des géologues sur les séismes actuels et il nous apportait les informations trouvées dans les innombrables archives qu’il décryptait dans les églises, dans les mairies et en conversant avec les habitants des villages.
Son envie de transmettre ses connaissances lui imposa une approche rigoureuse en suivant la méthodologie des chercheurs en sismicité historique. Il décida donc de se former suite à une rencontre avec Agnès Levret (Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire) avec qui il travailla sur l’analyse des documents historiques. Ses premiers travaux furent résumés dans 2 livres richement illustrés publiés en 1998 (Les tremblements de terre des Alpes-Maritimes - histoire et sensibilisation, Editions SERRE) et en 2006 (Les Alpes-Maritimes à l’écoute des séismes, Editions SERRE). En 2002, il décida de créer un site internet (https://www.azurseisme.com/) dédié à la sismicité historique et à l’archéo-sismicité du sud-est de la France et de l’Italie frontalière. Ce site, qu’il a développé progressivement, lui permettait d’intégrer les informations et illustrations qu’il trouvait au fur et à mesure. Azurséisme compte maintenant plusieurs centaines de pages qui concernent tous les séismes survenus depuis 1348 dans le sud-est de la France, le Piémont et la Ligurie, avec en plus des explications sur la vulnérabilité du bâti ancien. Le site connu un succès immédiat qui ne s’est jamais démenti puisqu’il cumule plusieurs milliers de connexions chaque année (ce qui peut rendre jaloux de nombreux sites institutionnels !). Le succès fut tel qu’André mit en place une lettre d’information mensuelle et un espace d’échange avec ses lecteurs.
Ces travaux vont lui ouvrir de nombreuses collaborations avec le monde scientifique. Il devint membre de l’APS (Association pour l’identification et l’étude des Pathologies d’origine Sismique dans le bâti ancien) et de l’AFPS (Association Française du génie ParaSismique) dont il intégra le groupe de Travail Bâti historique, Structures en pierre et maçonnerie et Séismes. Du 6 au 8 décembre 2010 il co-organisa à Cagnes-sur-Mer le congrès Archéosismicité et tsunamis en Méditerranée pour l’APS et coordonna le recueil de publication (). En 2013, il participa à un voyage d’étude de l’AFPS sur la vulnérabilité des monuments historiques en Italie avec V. Davidovici et de nombreux autres chercheurs. Il rédigea plusieurs articles sur les villages de La Bollène Vésubie (Archéosismicité et sismicité historique, APS, 2000) et de Peille (Archéosismicité et Vulnérabilité, APS, 2002). En 2017, il présenta ses travaux sur les Alpes-Maritimes aux journées techniques de l’AFPS (lien vers la JT du 15 juin 2017).
Autant dire qu’André Laurenti était un personnage aussi étonnant qu’attachant, il faisait de la science participative bien avant l’heure et atteint un tel niveau de participation qu’il en avait intégré le milieu scientifique. En parallèle de sa passion pour les séismes anciens de la région André était aussi attiré par les volcans (il était membre de l’association L.A.V.E.) et il avait effectué de nombreux voyages sur l’Etna, les îles Eoliennes en Islande, dans la cordillère des Andes, à Hawaï, en Indonésie, à La Réunion…
Au début de 2024 il terminait un troisième livre « Le grand tremblement de terre de la Rivera à la belle époque » dans lequel il compile un grand nombre de photos, d’extraits de journaux, d’histoires sur les différents villages en France et en Italie ainsi que les analyses des scientifiques de l’époque. Cet événement majeur dans l’histoire de la Riviera franco-italienne est l’un des premiers tremblements de terre pour lequel des scientifiques se sont déplacés sur les lieux pour en analyser précisément les conséquences et ont ensuite partagé leurs observations dans de nombreuses publications. Cet ouvrage devrait être publié aux éditions du Cabri à l’automne 2024 et présenté au festival du livre de Mouans-Sartoux du 4 au 6 octobre 2024 (https://www.lefestivaldulivre.fr/).
Contact à Géoazur:
Christophe Larroque : christophe.larroque@geoazur.unice.fr
Ils en parlent :
- Nice Matin, 16 juillet 2024 : André Laurenti, le Cagnois spécialiste des volcans, s’est éteint
- Ville de Cagnes-sur-Mer, 16 juillet 2024: Décès d’André Laurenti : Communiqué de Louis Nègre, Maire de Cagnes-sur-Mer
- Echosciences Sud Provence du 20 juillet 2024